Thursday, August 31, 2006
Thursday, August 24, 2006
Quando una campanella suona ... svegliati!
La femme qui rêve
Pour un regard, un souffle et un sourire...
Parce que j'en ai vu partout,
Parce que j'en ai vu de toutes les formes, de toutes les dimensions,
Parce que le regard dégage une expression, une personnalité, une humeur
Parce que chacune d'entre nous a droit de voir le monde autour d'elle sans grillage devant les yeux
Parce qu'il n'est rien de plus beau que les cheveux d'une femme
Qui pendent sur ses épaules, s'envolent au premier souffle de vent et encerclent son visage
Parce que chacune d'entre nous a le droit de sourire, de pleurer au vu et au su de tout le monde
Parce que chacune d'entre nous a droit à être regardée
Parce qu'un regard c'est une vie
Quatre heures trente, film de Royston Tan (Singapour)
Il est quatre heures trente, il est seul et inspecte la maison cherchant dans la matérialité physique une sensation, celle d'exister pour soi et surtout pour autrui.
Il n'y a pas d'âge pour souffrir de la solitude. Il n'y a pas d'âge pour avoir besoin de se sentir aimer. Voilà sans doute un mal commun à tous les hommes et Royston Tan tente de nous montrer que sans amour la vie perd tout son sens.
Ce film met en scène deux êtres qui dans leur solitude pourraient trouver du réconfort l'un envers l'autre mais n'y parviennent pas aveuglés par leur souffrance intérieure. En cela il peut être mis en relation avec Uzak, film turc de Nuri Bilge Ceylan (dont le prochain film intitulé Iklimler a été présenté au festival de Cannes de cette année), dans lequel deux hommes effectuent là aussi une ronde sans fin à la recherche d'un réconfort introuvable pour finir par échanger quelques contacts humains qui leurs permettront de croire à nouveau.
Quatre heures trente fait, cependant, montre d'un pessimisme prononcé : décor angoissant traduisant la petitesse de vie dans laquelle ils sont enfermés, rigueur et inadaptation de l'institution scolaire singapourienne qui entrave toute tentative d'épanouissement personnel de l'enfant.
La difficulté de communication entre les deux êtres est accentuée par le problème de la langue (l'un est de Singapour l'autre de Corée). La rencontre est d'autant plus belle, plus ésotérique, elle se concrétise par un silence, par des gestes simples, par des attentions, par des regards, par une simple présence.
volver, des femmes, du rouge, du turquoise et la famille
Ce film est pour cela, selon moi, tout à fait contemporain en ce qui se place entre tradition et modernité. Tradition car le film met en scène une Espagne catholique, campagnarde dans ses origines et très attachée à la terre et à la famille. Modernité car cet attachement demeure féminin et reconstruit : la famille est une famille éclatée, qui a rencontré de multiples problèmes et qui se resserre et se renforce entre quelques femmes qui se soutiennent mutuellement.
Penelope Cruz est le reflet de cette ambivalence : elle porte tour à tour un jogging adidas et des tenues beaucoup plus conventionnelles (jupe assez longue, couleurs très vives qui mettent en avant ses origines hispaniques).
Volver, revenir, est un film engagé sur la situation des femmes et sur la vie de celle-ci qui se transforme très souvent en combat. Affronter une vie de célibataire, affronter un mari qui nous trompe ou nous abandonne, élever un ou plusieurs enfant(s) seule, s'occuper des mourants, des taches ménagères, gérer une maison et un travail en même temps, des problèmes d'argent etc.
Que l'on soit belle ou moche, désirée ou pas, Almodovar met en avant les similitudes qui peuvent être trouvées entre les vies de femmes et ce quelque soit la génération.
Voulons nous toujours être moderne?
Au-delà du rejet, désormais traditionnel et l'on pourrait même dire rebattu de la notion de progrès, l'idée même de se comporter comme des gens modernes, à la pointe de..., ou plus familièrement "in" semble elle-même dépassée.
Dans son dernier ouvrage intitulé Le bonheur paradoxal, Gilles Lipovetsky met notamment en avant le choix effectué par les individus contemporains dans leur propre histoire, dans leurs propres origines de manière à construire leur "carte identitaire". Certes, le fait même d'avoir la potentialité d'opérer un choix sur son propre être et sur son histoire est résolument moderne. Cependant, ce qui l'est sans doute déjà moins c'est le fait de s'intéresser à son histoire et à ses origines.
Cela doit être, sans doute, mis en relation avec le retour à la famille ou encore le retour du religieux. Les formes ont changé, les modalités d'appréhension ont été bouleversées mais il n'en demeure que le rejet de la modernité est palpable.
La campagne, la décoration classique (le design jugé par plus d'un comme froid), un gouvernement conduit par une personnalité forte, charismatique, l'intérêt pour ses origines, la remontée des mariages, en bref peut-être de la simplicité plus que tout autre chose.
La modernité, être à la page ne séduit plus peut être car il n'y a plus une page mais des milliers. Chacun évolue dans son monde et le champ des possibles de cette nouvelle modernité permet de se sentir moderne tout en étant traditionnel et en opérant un retour à des valeurs par essence anti-modernes.
Peut-on parler pour autant d'éternel retour? La mode des années 30/40 est de nouveau en vogue et a même fait l'objet d'expositions au Bon marché. Que dire de cela? Il y a pourtant plus esthétique. Des juges sous le genou, des chaussures à bout rond, des collants et pourtant voilà que toutes les petites parisiennes se précipitent. Peut-on taxer cela uniquement de lobotomisation cervicale? J'en doute.
Le mouvement doit, selon moi, être pris avec plus de recul comme une intégration de la tradition dans la modernité. Plus d'opposition manichéenne. Un rabbin écoute sa musique sur lecteur mp3, des femmes voilées se promènent dans le haut lieu français de l'économie capitaliste à savoir la défense, les couples gays veulent accéder au mariage...
La réunion, Le Goff aurait surement dit, l'absorbtion, de ces deux opposés est-elle une nouvelle phase de la modernité ou le début d'un déclin?
Fino a dove i miei taloni mi porteranno
Cammini sempre come prima ma non andrà più mai come prima. Hai parlato un po troppo senza dubbio adesso tutto è finito. Ho voluto chiudere le mie orecchie, diventare sorda per non sentire le tue parole dure ma vere tanto vere.
Adesso, cammino ancora ma i miei taloni mi portanno dove. Non lo so dove, cammino sola troppo sola, quanto sola. Fino a quando i miei taloni cammineranno, fino a dove la mia vita passera. La tua ha preso definitavamente la sua strade, incontrera sicuramente altre donne, forse è gia fatto, non sono gelosa, sono troppo delusa per esserlo. Ti immagini nelle braccie di un altra ma non mi fa niente perchè sei diventato un altro fin a quel momento dove mi hai lasciato partire.
Questo mattino i miei talloni sono tornati hanno preso una strada verso lo tram e tu non hai cercato di fermami. Sei tornato dentro la tua casa senza un guardo senza un mormoro, senza una parola senza niente.
Les hommes préfèrent les blondes...
Tu es là, devant ton café. Le soleil brule, mon coeur va exploser. Quelques heures auparavant je criais, seule, pour la première fois dans tes draps. Tu étais pour moi déjà loin, déjà parti, j'avais d'ores et déjà fait mes adieux. Deux amants se sont dit aurevoir sans se voir. Elle était seule dans ses draps à lui, il était seul sans doute aussi quand il a pensé à elle pour la dernière fois, quand il a jeté dans l'air cet aurevoir entre plaisir et douleur.
Tu es là, les cigarettes ne te conviennent pas. Plus rien ne te plaît, plus rien n'ira. Il ne la voit plus ou il l'a trop vu, il ne sait pas exactement. Elle recule un peut tout doucement, elle regarde cet homme qu'elle a aimé et qu'elle aime sans doute encore. Elle le voit comme elle ne l'a sans doute jamais vu, comme une première rencontre ratée, avec cette idée d'avoir bu un café avec un con et quelques filles quelconques.
Tu es là, toujours assis, tu te retournes vers moi, mais je n'ai plus d'espoir, si ce n'est pas aujourd'hui ce sera demain. Je suis déjà plus là de toute façon et depuis longtemps. Je suis peut être restée à Rome, enfermée entre la cuisine et l'envie de voir mes cheveux voler assise sur le siège arrière d'une vespa avec mes bras autour de ta taille.
Tu n'es plus là. Elle te regarde toujours mais subrepticement tu as enfin ou déjà disparu. Ton esprit vagabonde désormais, il est libre, il a franchi cette barrière qu'il croyait si haute et qui devenait si pesante.
Il est là, assis, et regarde une blonde qui évoque beaucoup trop pour qu'il soit encore à elle. Il n'y a plus de tu, plus de moi seulement elle et lui, une blonde et sans doute trop de soleil.
Le pale reflet de mes regrets
Sous ces arbres, assis, tu me montrais ces deux aigles effrayants comme ton ultime conquête, comme la preuve patente de ta maîtrise du monde qui t'entourait. Peut être que je n'arrive toujours pas au centième de ta maîtrise, peut être au contraire que je l'ai dépassée depuis longtemps. Au fond peu importe. Personne ne le dira jamais.
Les branches trop longues entouraient notre échange trop retardé. Comme dans un dernier souffle, tu m'interrogeais, tu venais aux nouvelles, comme tu le disais si souvent, maladroit que tu étais dans tes introductions et dans ton discours. Comme dans un dernier errement, je m'exaspérais devant ton décalage, devant ta cécité à ne pas voir qui j'étais, à ne pas me comprendre, à ne pas me faire sentir que je t'appartenais au-delà de tout.
L'autonomne était déjà bien avancé, les chênes de ton jardin perdaient leurs feuilles et l'étendue des ravages de la nature qui s'offrait à moi m'était malheureusement indifférent. Aveugle, moi aussi, ton égale dans cette incompréhension mutuelle, je ne m'apercevais que bien trop tard de tes cheveux grisonnants, de tes dents abimés et de ton air agard.
Déjà jaunes par endroits, presque marrons, quelques feuilles émacillées valsaient au souffle du vent. Centrée sur mes propres évolutions capilaires, omnubilée par ces quatre yeux impertubables, je sentais la haine et le danger sans trop savoir d'où il venait exactement. Ces aigles empaillés me terrassaient et m'éloignaient de toi sans que je puisse le cacher.
Le vent se renforçait, je sortis une laine, tu étais déjà quasi immobile, ne voyant plus du tout, ni ta fille, ni tes aigles qui faisaient désormais partie de toi. Tu avais rejoint un autre royaume sans m'y emmener. Je restais là, seule sur la terasse, devant chez toi, sans savoir comment rentrer en sachant que tu ne reviendrais pas.
Un dernier souffle, glacial celui là, emporta tout, les quelques feuilles tombées s'envolèrent.
C'était désormais moi qui était assise là, seule, attendant sur la terasse...Peut être que moi aussi un jour j'empaillerais des aigles, pour l'instant j'attends et le vent reste modéré.
Un coeur changeant
Par combien de sentiments différents passe un homme pendant une journée ?
De la tristesse à la joie il n’y a qu’un pas dans mon cœur changeant. Il virevolte au gré de mes humeurs, transcende tous les raisonnements rationnels que tente de lui imposer mon esprit. A bien se concentrer de l’amour à la haine il ne sait plus que penser, que croire. Objet de mille et une fourberie il se sent tour à tour pris pour cible, humilié, tourné en dérision ou porté au nu. Instabilité pourquoi te déchaînes-tu avec autant de passion ?
Est ce cet homme face à toi qui suggère tous ces mouvements ?
Aime moi
S'il vous plaît encore quelques minutes...
Je ne suis pas une cuisine encastrable. Je ne peux me déformer, me reformer, me contorsionner au gré de tes désirs et de tes exigences. Cinq centimètres de moins sur les hanches, deux centimètres de plus sur les seins et quelques milligrammes de finesse en plus. Vous m’insérerez tout cela entre l’évier et le lave-vaisselle ; je te rappelle entre cinq et six heures ; on peut se voir jeudi soir après le dentiste.
Il faudrait que tu sois moins maniérée moins sophistiquée et en même temps plus belle sans quoi je me réveillerais un matin en me disant pourquoi tant de rides. Sans mettre de crèmes, il faudrait que tu gardes ton éternelle jeunesse, ta douceur de peau, ton teint frais.
Je n’ai pas le temps je suis trop pressée. Il faudrait pourtant que tu sois plus efficace, que tu fasses la cuisine, que tu ranges tes affaires. Ah ! mais quel fouttoir !!
J’aimerais être dans une cette boîte toute carrée. Les lignes sont parfaites. L’espace est restreint. Personne ne viendrait m’y trouver. Je voudrais être cette boîte. Posée, tout le monde m’oublierait. Je resterais là tranquillement, en regardant les gens vivrent. Dans cette boîte, je serai seule tu ne viendras pas, tu me laisserai. Dans cette boîte, il n’y aurait pas de place pour des soucis, trop petite pour organiser, rien n’à ranger. Tout y est calme.
Chut ! Vous faites trop de bruit. Ca s’écoute le silence.
Chut ! Vous êtes trop bruyant, vous ne vous entendez pas vivre.
Chut ! Quel vacarme. Je n’entends plus mon cœur battre. Le tien non plus. Bat-il comme le mien ? Sommes-nous à l’unisson ?
Chut ! Reprenez doucement. Regardez encore un peu en bas. Regardez ce que vous ne voyez pas. Du haut de tes talons, tu écrases le monde, tu écrases les autres. Tu te crois la plus belle, tu vis pour ton image, tu vis pour ton reflet. Mince je resterais, embrasse-moi.
Encore quelques minutes, Mademoiselle ne bougez plus. Stop, arrêtez vous. Puis-je vous poser une question ? Comment faites-vous pour être si belle ?
Je sors de chez le coiffeur, il est midi trente. Je flane dans les rues. L’agitation est modérée. Je n’ai pas faim. Je pense à mes cheveux.
Je sors de chez le coiffeur, il est quatre heures et demi. Le petit jeune était charmant. Je reviendrais chez lui.
Je t’attends. Tu es là assis face à moi et pourtant je t’attends. Combien de temps mettras-tu à te réveiller. Je suis là il faudrait que tu parviennes à me voir, à me saisir. Non ? Toujours pas. Tant pis, je pars.
Mon sac, mes pieds, mon courage, mes yeux droits fixés devant moi. L’avenir est là où le cœur vous guide. Je m’enfonce dans le métro, je cherche ma carte. Je me dépêche. Je veux à présent t’échapper. Retiens moi.
Trente minutes plus tard. Je suis nue sur ton lit. La chambre est sombre. Un liseré de lumière à travers la fenêtre. Tout me plaît. Je cris. Je hurle. Aussi fort que l’orage. Mon cœur se déchaîne. Je ne t’aime pas. Tu es même moche. Ton corps m’indiffère mais moins que ton être.
Je m’assoies, je me lève. Je n’ai pas vraiment le droit d’être posée ici. Encore un moment. Je guette la porte. Je guette le couloir. Le gardien du musée va peut-être arriver. Après autant de toiles le stationnement debout est pénible. Mon langage est stéréotypé. Je suis si fatiguée. Celle là me plaît beaucoup. Beaucoup trop. Je la prendrais bien chez moi. Je passerais volontiers ma vie devant. Je m’y fondrais délicatement. J’habiterais cette maison que l’on peut voir dans certaines toiles au loin. Je ne serais pas ami avec les personnages qui sont au premier plan. Je serais la recluse de la toile. L’inconnue qui hante tes peintures. Je veux rêver. Rester là, pensive.
Je suis assise. Le trajet a été long. Je n’ai rien ressenti, j’ai rit, j’étais bien, j’ai parlé. Tu étais là, les yeux rivés sur la route. L’esprit ailleurs. A quoi pensais-tu ? A hier soir dans ce lit ? A hier après –midi sur le canapé ? A demain quand je ne serais plus là. Nous sommes déjà arrivés. On ne peut pas repartir, pas tout de suite. Je veux encore que tu conduises. L’asphalte imperturbable me rassure. Le long bruit monotone des voitures me berce. Le klaxon violent des camions me ramène à la réalité , à la violence, à l’agressivité. Aimerais-tu faire l’amour ?
Je suis assise dans cette salle d’attente. Il est grand mais vieux. Il est élégant mais quoi, je stresse. Il est là assis lui aussi à son bureau. Sa posture, son allure, tout lui confère un air assuré. Je me reprends. J’évacue les tensions. Le soleil baigne la pièce d’une chaleur automnale. C’est la fin de l’après-midi. Il y a cinq minutes, le contact froid du zinc du bar d’en face et le goût amer de la cigarette m’envahissaient. J’écoute tous ses mots. Je ne regarde pas ses lèvres mais ailleurs. C’est fini. Je pars. Je suis heureuse. Le soleil a diminué. Peu m’importe j’ai eu tout ce que je voulais. Des enfants jouent dans la rue. Ils courent. J’entends ta voix. J’allume une nouvelle cigarette. Mon sac se renverse. Je ramasse mon rouge à lèvres, mon crayon, et tout le reste. Non pas tout de suite. Attendez encore un peu. C’est magique.
Il avait attendu ce moment toute la journée. Il s’approche des caisses. Elle était bien là assise derrière sa machine. Le géant allait fermer. Conte d’amour hypermoderne. C’est son tour. Il a pris plus d’articles que le besoin l’imposait. Son tour est fini. La cliente derrière lui s’impatiente. Il ne pourra plus la voir pour aujourd’hui. Il reviendra demain. C’est sur. Il reviendra chaque jour. Il cherchera l’article à problème. Celui qui imposera une attente. Celui qui nécessitera d’aller chercher l’exact prix. Il la regardera encore et toujours. Elle ne verra que l’horloge derrière lui. Celle qui lui indique l’heure où elle finit ce sale boulot. L’heure où elle peut enfin étaler ses jambes et reposer ses bras. Elle redémarre après lui. Il prend ses paquets et s’en va. Il marche. Il l’imagine nue. Il est soudain impatient de rentrer chez lui.
Elle accélère le mouvement. Encore plus vite, encore plus fort. Ne t’arrête jamais. Oh, oui, secoue moi. Il la pousse, il la reprend, il la rejette, il la relance. Sa jupe s’envole. Le vent se fait complice. Il relève son jupon, il laisse découvrir ses jambes élancées. Encore plus vite, encore plus fort. Elle se revoie petite. Cette balançoire la fait frissonner. Le soleil dore sa peau. Le soleil l’enivre. Encore encore. Elle se sent libre. Elle se sent vivre. Elle ne veut plus descendre. Elle se sent désirée. Elle se sent femme.
Un peu d’attention s’il vous plaît. Mesdames, Messieurs, nous sommes aujourd’hui ici pour rendre hommage. Je n’entends déjà plus rien. Tant de monde dans cette salle. Je suis tout en haut on y voit rien. Tout est noir. Les gens sont petits. Je n’aurai pas du venir. Assise sur mon canapé j’aurai été mieux. Je suis là tant pis. Tu es là aussi. Tu me parles. Trop haut, trop fort. Tout le monde nous regarde. On va finir par nous demander de nous taire. Tu me fais rire. J’aime quand tu es si gaie. Tu es si belle, quand tu es si naïve. Non ne te tais, pas continue, rie encore avec moi. Non ne l’écoute pas. Ne regarde plus personne. Nous sommes là toutes les deux. Au milieu de la foule, seules au monde. Tu me soutiens, je suis là pour toi. Vivons ensemble. Ne nous oublions pas.
Un chapeau sur la tête puis un autre. Des roses, des verts, des fleuris, des kakis. Les grands magasins parisiens me donne la fièvre. Les paquets à la main m’encombrent. Notre course infinie de rue en rue, nous marchons, nous courrons, nous déambulons. Tous les rythmes ont marqué notre journée. Tout à l’heure on s’envolera. L’avion dans quelques heures. Le sentiment d’être là sans y être. D’être là pour quelques minutes seulement. Le sentiment que rien ne peut nous arrêter. Je te regarde, je m’arrête j’ai trop couru, j’ai trop rie, j’ai été trop heureuse. Je t’avoue que je t’aime.
Elle était là devant lui. Elle était enfin là, sa fille. Il l’avait tant attendu. Il avait tant espéré. Bientôt elle repartira. Bientôt il s’en ira. Il est là allongé. Il sait que le temps lui est compté. Elle parle un faux langage. Celui de la fausse vie. Celui de la vie racontée aux malades. Elle parle un langage qu’il n’entend pas. Il s’en fout de la météo, il n’en a rien à faire de toutes ces fausses paroles. Il sait qu’il va mourir. Il la regarde encore. Il espère une seconde de vérité. Un silence assumé. Il espère qu’elle va se taire. Il espère qu’elle va le regarder. Il espère lire de l’amour. Il voudrait partir confiant. Il voudrait être rassuré. Elle pérore sur les fleurs, le printemps, sur le beau temps. Elle poursuit sur Lucie, ses études, ses réussites. Rien n’est vrai. Le langage que l’on tient aux malades les enfonce à chaque mot un peu plus. Il le sait mais ne lutte même plus. Sa fille est une lâche, elle ne se confrontera pas à la mort de son père. Les convenances ont empli sa vie. Elle se détourne du malheur. Elle s’imagine ainsi dans le bonheur. Elle se lève, elle l’embrasse. Elle ne l’aura pas vu. C’est comme si elle n’était pas venue. Il n’a plus qu’à mourir. Il a pourtant envie de la retenir, d’obtenir ce regard, d’obtenir cette minute. Il s’épuise, il s’effondre, il s’étiole, il ne peut plus lutter : «Ne pars pas, encore quelques minutes s’il te plaît ».
L'antihumanisme : 2ème étape
L'homme d'aujourd'hui ne croit plus en Dieu : s'il croit c'est pour lui et non en raison d'une imposition sociale extérieure ou d'une réelle foit intérieure. La croyance n'est plus pensée et vécue a priori mais choisie : elle est tombée dans le cercle de l'indiviudalisme : l'individu souverain dans la construction de son être choisi sa croyance, de croire ou de ne pas croire. La foi fait partie d'un des multiples choix de l'homme. Elle est par suite revendiquée non pour elle-même mais parce qu'elle est le fruit d'un choix et parce qu'elle représente, en tant que tel, ce que l'homme qui s'est décidé croyant veut être. Elle est ainsi un mode de revendication de son être. Elle devient un moyen de différenciation et d'affirmation de sa personnalité. Elle s'inscrit dans ce mouvement qui consiste à tout faire pour être vu, reconnu et considéré. Si je suis croyant, je ne suis pas non croyant. Je me définis donc dans ce choix, dans cette option.. J'entends donc que l'on considère ce choix et par ce biais que l'on me considère. j'exige donc que l'on respecte, que l'on prenne en compte ce choix, ce mode de vie. Voilà pourquoi je me montre extérieurement être croyant, je m'affiche, je m'exclus de ceux qui ne participent pas du même mouvement que le mien. En les rejettant, je me construis et me définis. Je suis en n'étant pas ce que je ne suis pas. La religion n'est donc plus vécue dans le strict cercle privé mais le religieux trouve au contraire son épanouissement dans la démonstration de sa foi. L'extrémisme (quelque soit sa branche) est alors une oprte ouverte et la plus aisée, la plus compensatrice et réconfortante, pour s'affirmer réellement par le biais de sa foi. Je suis d'autant plus définit pour moi-même et pour les autres que je vis ma religion de la manière la plus apparente, la plus extrême. Je m'affirme réellement par la branche de ma foi du fait que je vis celle-ci le plus radicalement possible. Mon appartenance ne peut plus dès lors être remise en cause. Nul ne pourra plus contester ma différenciation, mon identité, mon être et ma construction. Il s'en suit que tout symbole d'appartenance à une communauté religieuse est bon à prendre : habillement, comportements alimentaires, comportements sexuels, rapport au temps ... Tout ce qui me permet de m'affirmer aux yeux des autres comme ayant telle identité est bénéfique.
2-L'homme ne croit plus en l'homme :
A-Sur la notion de respect :
Ce terme revient sans cesse aujourd'hui. Il est plaqué dans toutes les conversations, plaquardé sur des affiches et a fait l'objet récemment d'une campagne contre la violence scolaire. L'on a lors de cette campagne distribué à chaque élève un bracelet sur lequelé était inscrit le mot "respect".
Ce terme a vraisemeblablement pris une importance décisive et est devenu en quelques années le point de départ de toute relation humaine. Le basculement s'est produit suite à l'utilisation massive qui a été faite de ce mot par les jeunes des cités. Il s'inscrit ainsi dans une volonté de revendication ultime de son être. Il est devenu l'exigence première et cardinale de toute relation sociale. L'amour et l'amitié viennent en deçà, ne peuvent intervenir qu'a posteriori, le respect est la première phase, la condition sine qua non de tout lien social.
Mais on peut alors légitimement s'interroger sur le pourquoi d'un tel besoin de respect :
-ou si l'on fait appel à cette notion, c'est que l'on estime qu'il n'y en a pas assez, que le respect ferait désormais défaut : l'homme d'aujourd'hui ne respecterait plus son prochain;
-ou il est l'expression de cette revendication de l'individu, un des fruits de l'individualisme sans avoir de cause patente : l'homme a besoin face à la masse de reconnaissance et exige donc comme base de toute relation sociale le respect;
L'homme des siècles précédents n'avait pas à revendiquer le respect car de deux choses l'une : ou il appartenait à une classe sociale supérieure et le respect était acquis ; ou il appartenait à une classe sociale inférieure et il n'avait pas droit au respect : en tant que serviteur, serf, paysan, il ne lui serait pas venu à l'esprit d'exiger le respect. Autrement dit chaque individu en ayant sa place dans la société pouvait adapter le seuil de ses prétentions en fonction.
Il en résulte que l'exigence du respect est avant tout le fruit de l'égalité voulue et accordée par la structure sociale. En faisant croire ou du moins en établissant l'égalité pour tous, dont le dernier pan est sans doute l'égalité des chances, la société (et l'Etat) ont donc ouvert la voie à une nouvelle revendication : le respect c'est à dire l'application pratique et concrète de l'égalité promise.
Or, comme cette égalité n'est pas obtenur, elle reste à l'état de revendication. Associée à l'individualisme croissant, cette déception, cette constatation de ce faux semblant transforme cette revendication en agression. Les formes que prenne cette revendication sont des plus violentes et haineuses. C'est le constat de l'inégalité et la souffrance qui peut en découler dans une société marquée par l'individualisme qui expliquent ce soudain appel à la notion de respect.
B-L'excès comme réaction à la négation :
L'individualisme certes a pris son envol et a conquis notre société occidentale, mais les revendications exarcerbées auxquelles on peut auujourd'hui assister vont au-delà d'une simple expression de cet individualisme répandu. L'indivdu est né, la société, le groupe a définitivement reculé pour laisser place à l'homme en tant qu'être unique. Or, dans le même temps l'Etat a nié à l'homme le droit à l'épanouissement. C'est le paradoxe du capitalisme de donner le droit à l'individu d'exister en tant que tel (droit de ne plus être qu'un maillon invisible de la chaîne sociale) et dans le même temps de ne pas lui permettre réellement de s'exprimer. Tout est fait pour que l'homme se sente exister en tant qu'individu propre : l'autonomie qui lui est accordée, les choix auxquels iol est confronté chaque jour : la société capitaliste multiplie notamment par le biais de la consommation ces choix pour maintenir l'individu dans l'illusion d'une construction et d'une différenciation. Et ceci pour lui permettre de penser que chaque jour il est et demeure unique, essentiel et important, pour lui faire penser que son être et son existence importent en eux-mêmes et pour les autres.
C'est l'illusion de l'importance de la vie humaine en elle-même et l'illusion du rejet définitif de la mort comme inacceptable.
L'homme n'a ainsi pas le temps et plus la capacité intellectuelle de se poser la question essentielle de la raison d'être car il demeure dans la croyance d'une progression constante. C'est ici l'illusion du progrès de l'humanité appliquée à l'échelle de l'individu
Chaque jour est une phase de ma construction (voilà pourquoi l'âge n'a plus réellement d'étapes prédéfinies, qu'il n'y a plus par exemple de frein à commencer ses études en plein âge adulte). Chaque jour je me construis puisque je fais des choix : c'est l'illusion également d'une liberté qui me permettrait de tout faire, de tout être, de tout devenir.
Or, ce capitalisme nie dans le même temps l'individu de la manière la plus forte qui soit :
-la machine financière montre à l'homme qu'il n'est rien : l'on est ce que l'on possède uniquement.
-le fonctionnement même du système actuel en permettant un accroissement de la précarisation abrupte (licenciements, délocalisations, accroissement du pouvoir du secteur privé ...)
-la construction de forteresses, de building qui nient de par leur caractère gigantestque et leurs dimensions démesurées l'échelle humaine et montre ainsi à l'homme qu'il n'est qu'un rouage manipulé d'une grande machine qui le dépasse largement (prenons l'exmple de la défense à Paris).
L'individu ne trouvant pas de satisfaction à ses revendications et étant confronté à la négation de son propre individu alors qu'il vivait dans le leurre de son importance augmente le champ du nombre de ses revendications. Celles-ci deviennent agressives et non plus seulement démonstratives : l'homme ne se contente plus pour se penser exister et pour se sentir bien de se montrer comme porteur d'une identité et d'attirer sur lui les regards. Quand vient sa négation et le réveil de toutes ces croyances et illusions il en devient agressif et haineux.
La réaction est alors celle de la négation par l'homme de son prochain comme l'homme qui s'est senti nié l'a été et c'est cet enchaînement qui, selon moi, crée le fondement de l'antihumanisme moderne.
Nouveau retour sur la notion de sensation
pouh ca pue!
Retour sur la notion de sensation
Réveil sur la cité bleutée
Le rêve d'une Russie blanche
Le rapport au temps
l'antihumanisme : 1ère étape
Y aura t il de la neige à noël?
Entre rêve et songe
Rencontre et vie
Et si l'amour n'existait pas?
"Toute passion, quelque apparence éthérée qu'elle se donne, a sa racine dans l'instinct sexuel, ou même n'est pas autre chose qu'un instinct sexuel plus nettement déterminé, plus spécialisé ou, au sens exact du mot, plus individualisé. Le but dernier de toute intrigue d'amour, qu'elle se joue en broquins ou en cothurnes, est, en réalité, supérieur à tous les autres buts de la vie humaine. L'instinct sexuel sait très habilement prendre le masque d'une admiration objective et donner ainsi le change à la conscience".
Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation
Cette affirmation est surprenante et sort pour le moins des chantiers battus. Elle bat en brèche l'idée que l'on peut se faire de l'amour, de l'amour pur. Et comme dans toute relation amoureuse il y a une relation sexuelle ou du moins une attirance sexuelle, cette phrase interroge.
Est-ce que s'interroger c'est déjà trahir? Je ne le pense pas bien au contraire. Dans la torah il est dit que remettre tous les jours en cause sa foi et s'interroger chaque matin sur l'existence de D. voilà sans doute la meilleure façon de croire.
La relation amoureuse serait une expression de notre instinct sexuel focalisé sur une même personne. Cela expliquerait beaucoup de choses et notamment l'infidélité. Si tout amour n'est que l'expression de l'instinct sexuel alors le jour où l'attirance faiblit, le partenaire change.
Lorsque Schopenhauer fait référence à la notion de "passion" rien d'étonnant à ce qu'elle soit rapprochée de l'instinct sexuel. Mais, plus loin il évoque l'intrigue d'amour, l'amour donc, la relation amoureuse et l'admiration objective. Si Schopenhauer entend par là faire référence à un mode de développement de l'instinct sexuel dans les esprits les plus chastes soit. Mais cette citation ne signifirait-elle pas que selon lui l'amour n'existe pas réllement et que tout n'est affaire de sexe?
Alors oui il n'y a sans doute pas d'amour sans attirance sexuelle. Mais l'amour ne serait-il qu'attirance? Voilà sans doute une question à laquelle il est plus délicat de répondre. Car si de nombreux exemples nous viennent en tête pour dire que non, au final on peut toujours s'interroger sur le point de savoir si amour y avait-il vraiment. Et c'est sans doute là le génie de cette affirmation qui sème le trouble, nous interroge et nous bouscule pour au final nous laisser perplexe, sans réponse réelle et face à une pensée qui nous avait déjà hanté.
Que ce soit brodequin ou cothurne, autrement dit que ce soit un amour joyeux, un amour tragique, un amour passionnel ou plus paisible, l'instinct sexuel demeure présent. Il donne le "change à la conscience" , il revêt le masque de l'amour pur.
Voilà peut-être pourquoi l'amour réel est celui qui allie amour et amitié : instinct sexuel et amitié...
Le masque est peut-être salutaire et nécessaire, si c'est le cas ne l'otons pas.