Tuesday, June 09, 2009

L'aveu, la confession, la psychanalyse et la maïeutique

L'aveu judiciaire n'est que la résultante d'une longue tradition qui fait de l'élaboration de la pensée une construction de l'esprit ayant pour objectif la formulation d'un aveu.

Socrate parlait d'accouchement de l'esprit humain. Cette idée implique un postulat fondamental : celui de l'intérêt de l'implication personnelle du penseur dans la définition, l'encadrement et la formulation de la pensée.

On oppose souvent la période antique à la période moderne et dans la définition de ces courants on affirme l'individualisme comme l'aboutissement d'une longue histoire certes mais au demeurant somme toute contemporaine.

La perspective historique de l'aveu en soi et dans toutes les sphères de raisonnement dans lesquelles il a pu et su s'inscrire permet d'envisager le potentiel anéantissement de cette historicité modernisante de l'individualisme.

Si la personne n'avait eu que peu de place jusqu'à sa découverte récente, il n'est que peu probable que l'ensemble de matières réflexives telles que la philosophie ou de la religion (si l'on sait mettre de côté un instant l'aspect de la foi-de la croyance dans cette dernière) l'eussent inscrit comme but primaire et final annoncé et renvendiqué.

L'aveu est aujourd'hui une des formes de peuve de la justice aussi bien civile que pénale bien qu'il soit d'emblée nécessaire de préciser que l'aveu civil n'a que peu de place face à l'aveu pénal ce qui se comprend aisément au regard de la matière et des enjeux humains et des sanctions gouvernant chacune d'elles.

L'aveu judiciaire a perdu ainsi au fil des siècles et en raison sans doute des avancées techniques et scientifiques la place que l'on a pu lui octroyer dans les périodes judiciaires précédentes.

Pour se remémorer la place que pouvait occuper l'aveu, il suffit d'étudier celle de la torture comme mode de provocation de l'aveu pour le comprendre.

Le lien que je tente ici de provoquer entre la maïeutique et l'aveu nécessite quelques explications.

Socrate estimait que la pensée formulée soit digne d'être retenue encore fallait-il qu'elle découle d'un long et pénible accouchement. Elaboration de la pensée et réflexion, correction sont certes à l'oeuvre dans cette opération. Mais, au delà, cette dernière résultait d'une provocation par des techniques comme l'ironie afin de faire évlouer la pensée de son interlocuteur.

La présentation classique de la pensée pshilophique antique est faite de dialogue ce qui n'est pas négligeable : cela permet au lecteur de voir évoluer cette pensée, c'est un combat et dans un combat il y a pour le gagner une nécessaire implication des acteurs de celui-ci.

Dire finalement ce que l'on pense vraiment, faire sortir de chez son interlocuteur sa véritable pensée c'est finalement faire évoluer sa pensée ou bien user de techniques pour rechercher dans son esprit ce qui n'était pas sorti spontanément.

La part de chacun des interlocuteurs dans la pensée finale reste alors à définir mais le présupposé de cette technique est que la pensée première ne peut être contentatoire, satisfactoire.

Ainsi, pour obetnir un résultat jugé satisfaisant, digne d'être relevé encore faut-il faire sortir l'idée, la pensée : accoucher, avouer.

Au fil de l'évolution de la pensée, de la pousuite de ce dialogue, Socrate demande une implication de plus en plus grande du sujet sur la pensée formulée : un retour sur ce qui a été énoncé : une réflexion sur ce qui a été dit et donc sur le soi qui a formulé cette pensée, sur la part du soi dans cette pensée, sur la part d'erreur... toute une réflexion qui est celle du retour à soi : de l'aveu.

Cette technique philosophique sera reprise et subjectivée de manière définitive par la religion chrétienne qui détachera cette technique de son but théorique et généraliste pour en faire un instrument de pure connaissance de soi et de livraison de soi à Dieu par l'intemédiaire d'un autre homme, c'est la confession.

C'est en s'appuyant sur cette dimension personnelle que l'aveu sera utlisée par la Justice : est ce à dire pour autant que la dimension théorique a été abandonnée dans l'aveu judiciaire? L'aveu judiciaire peut être vue primitivement comme l'aveu d'une culpabilité personnelle ou altruiste et donc comme l'évocation, la libération par la parole de faits avérés. Par l'aveu, le juge obtient de son prévenu, mis en examen ... la vérité.

Mais la nécessaire théoricité de l'aveu judiciaire permet d'appréhender légitimemment l'aveu judiciaire comme également la formulation d'une vérité subjective, d'une thèse sur les faits : c'est une proposition de vérité judiciaire. L'aveu judiciaire serait alors la synthèse entre l'aveu confessionnel et l'aveu socratique.

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