Thursday, August 24, 2006

Réflexions sur la précarité


Ne vous est-il jamais arrivé après avoir été longtemps tenu loin de chez vous suite par exemple à un long voyage de vous sentir mal? Vous ne vous êtes pas lavé depuis longtemps du moins depuis plus longtemps que d'habitude ce qui signifie pour la plupart des occidentaux qu'ils ont raté leur douche journalière. A cela s'ajoute que vous n'avez pas dormi, pas ou peu mangé. Vous vous retrouvez en galère : plus de tunes, plus de portable et parfois même plus de lentilles ou lunettes cassées. Et là vous vous sentez mal. Les gens continuent à défiler devant vous. D'ailleurs en temps normal vous auriez marché et même couru avec eux. Mais là vous aimeriez les arrêter, leur demander de l'aide mais vous n'osez pas et surtout vous savez qu'ils diront non.
En règle générale une histoire pareille n'arrive qu'une à quelque fois dans la vie d'un homme, suite à un ensemble de péripéties, d'évènements facheux. Mais ce qui reste comme impression de ce genre d'expérience c'est ce sentiment de malaise, d'exclusion et de solitude qui tout à coup nous envahit. Pour la première fois on se sent ignoré, on a la sensation d'être passé de l'autre côté de la barrière : du côté de ceux qui sont sans arrêt dans la situation où nous nous sommes trouvés quelques heures durant.
Eux aussi sans doute ils se sentent sales, eux aussi ils nous voient passer et même courir eux aussi ils se sentent exclus. A cela s'ajoute la peur que nous,même dans ces situations,nous ne connaîtrons jamais : la peur de la nuit, la peur de l'hiver, la peur du froid, la peur de la faim etc. Peurs pour nous ancestrales, qui ne nous touchent plus. La nuit est synonyme pour un jeune de sortie, d'éclate ou de repos. L'hiver et le froid sont rapprochés du ski et des vêtements chauds et ainsi de suite.
Ce qui me frappe c'est la rapidité avec laquelle on peut basculer, la vitesse avec laquelle la vie nous remet en face de nos besoins les plus vitaux. Il suffit de quelques heures et de quelques contretemps pour se retrouver dans une situation où le sentiment d'insécurité et d'exclusion s'emparent de nous. Alors peut-être le lendemain on regardera autrement la personne qui nous tend la main au coin de la rue non pas pour se précipiter à lui donner quelque chose mais parce qu'au fond de nous on a ressenti durant quelques heures le millième de ce qu'il ressent quotidiennement.

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