Thursday, August 24, 2006

Albert Cohen ou l'éloge de la liberté





Récemment a été publiée la dernière bande dessinée de Joann Sfar intitulée Le chat du rabbin, Le malka des lions. Sa lecture et la présentation qu'il fait du malka, personnage exentrique , nomade et vivant avant tout de ses histoires, de son immagination m' a évoqué les personnages crées par Albert Cohen que l'on découvre dans Solal et qui sont ensuite approfondis dans Mangeclous. Que ce soit Mangeclous lui-même ou l'oncle Saltiel ou bien Salomon, ils forment une troupe attachante par sa folie existentielle et créatrice. Ils vivent dans un monde, dans leur monde, celui des juifs de Céphalonie bien évidemment mais à l''intérieur même de leur communauté dans une bulle qui fait de leur troupe les rois, les savants, les sages de la Grèce mais aussi du monde. Albert Cohen les décrit comme n'ayant avant tout aucun point de repère, vivant sans se conformer aux règles traditionnelles de la vie en société, ce sont des insouciants, des rêveurs, de grands enfants.


L'imagination débordante dont ils font preuve les mènent d'une aventure à une autre sans aucune construction sérieuse, réfléchie et aboutie. Au-delà de ce que cela peut avoir de déroutant pour un lecteur contemporain qui vit encadré dans un ensemble de règles de plus en plus nombreuses, il faut sans doute y voir un cri pour la liberté. Albert Cohen par ces personnages se prend semble-t-il à réver d'un monde où il serait possible de vivre sans travailler, de vivre sans se soucier de nulle chose et de vivre au gré de ses rêveries, se laissant guider d'une chasse au trésor à un voyage à Génève en passant par la création d'une Union de protection des juifs contre les lions sans aucune transition.

Solal est le personnage le plus emblématique en ce qu'il est le point de rattachement du monde réel avec l'île de Céphalonie autrement dit avec la troupe de Mangeclous. Mais Solal est lui aussi ce cri de liberté en ce qu'il devient diplomate et oeuvre de manière brillante pour la paix entre les nations. La diplomatie est d'ailleurs présente à tous les stades de l'oeuvre d'Albert Cohen qui opère chez ses personnages un véritable culte de la diplomatie de la Société des nations à Benjamin Disraeli. Ensuite Solal est le symbole du rêve de réussite de tous les juifs de Céphalonie en ce qu'il a pu s'intégrer au grand monde et en devenir un des membres. Enfin la liberté s'exalte également dans les bras des femmes pour Solal qui, en grand séducteur, cultive la liberté de l'amour. Solal fait, peut-être plus qu'aucun des autres personnages d'Albert Cohen, rêver le lecteur et les lectrices...


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