Thursday, August 24, 2006

Adieu ma concubine





Palme d'or de 1993, ce film adapté de l'ouvrage de Lilain Lee est l'histoire d'acteurs de l'opéra de Pékin avant et pendant l'arrivée des communistes en Chine. Ce film d'une sensibilité extrême retrace les évolutions de l'opéra chinois que ce soit dans son apprentissage ou dans sa réalisation et ce au travers de deux personnages celui de la concubine et celui du roi.

Mais au-delà ce film aborde d'autres problèmes : celui des méthodes d'éducation archaïques qui sont vivement dénoncées, celui du rejet en marge de la société des filles aux moeurs légers, celui de l'homosexualité avec le personnage de la concubine qui est joué par un homme lequel s'identifie si bien à son rôle qu'il en devient mi -homme, mi-femme. Et c'est là sans doute la clé du film si l'on met de côté les réflexions sociales et politiques.

Ce film au travers des nombreux personnages est l'occasion d'exposer une réflexion très aboutie sur l'opéra et sur l'art en général. Les acteurs comme les maîtres de l'opéra (et même les simples amateurs, spectateurs) recherchent la perfection dans l'opéra. Le général Yunan rappelle que le nombre de pas est sept et non cinq et que cela sert à indiquer la dignité du roi. L'apprentissage se fait dans la souffrance car chaque geste, chaque souffle et chaque silence compte.

De la même manière, une réflexion est organisée lors de l'instauration des communistes sur ce qui fonde l'opéra classique. Les communistes entendent modifier les costumes ainsi que les méthodes d'apprentissage.

Or les deux acteurs rapellent que le costume classique coloré et volumineux appartient à l'opéra et le fonde car il est la mise en scène de l'opéra. Le costume transforme la nature de l'acteur. Le personnage de la concubine est là pour montrer que la frontière entre fiction et réalité tend au fil de la conviction de l'acteur à s'estomper.

Quand celui qui joue le concubine parvient enfin à affirmer qu'il est une fille et non par nature un garçon il devient mi-homme, mi-femme pour toute sa vie. Il a revêtu le costume de la concubine pour l'éternité. L'art est donc là blotit entre un pas et un autre dans cette perfection si dure à atteindre. On retrouve là exposée la conception classique de l'art.

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