Thursday, August 24, 2006

Mort à Venise de Lucchino Visconti



Mort à Venise est un capo d'oro. Ce film mérite une attention toute particulière. L'histoire est tirée de l'oeuvre de Thomas Mann (cf encyclopédie wikipédia). Le personnage de Mort à Venise est tourmenté : ses douleurs physiques semblent être le reflet de ses troubles psychiques. Veuf, il a perdu sa femme et sa fille. Compositeur de musique il semble en proie à un manque d'inspiration et à une crise identitaire. Il part en vue de se ressourcer à Venise au bord du Lido. Mais son malaise s'aggrave chaque jour et le spectateur ressent intensément ce trouble.
Il souffre d'un cruel manque de contact humain et Visconti montre la difficulté pour un homme d'évoluer dans cette société trop encadrée par des codes sociaux pesants et en définitive très faux. Il s'éprend très vite d'un jeune homme qui représente pour lui la beauté, la pureté, l'innocence. Cet amour secret représente à la fois l'interdit, la violation des codes sociaux et la recherche désepérée de cet artiste pour le beau absolu. Les traits du jeune homme purs et sans défauts sont là pour attester de l'intérêt que cet artiste peut trouver en lui.
Mais, au-delà l'artiste est un homme, un homme vieux qui se sent vieux avant que de l'être réellement et le jeune homme symbolise alors le trouble que celui-ci ressent.Il est son opposé. Le jeune homme est beau, lui est laid, il est jeune, lui se sent vieux et sent la mort qui se rapproche de lui. Sa recherche de la beauté absolue apparaît dès lors plus comme la recherche de l'absolu, du sens de la vie, du paradis : y a t-il réellement quelque chose de beau sur cette terre? Et moi qui suis si laid et qui me sent si laid comment puis-je créer du beau par ma musique?
Le film augmente en intérêt dans la mesure où l'intérêt du vieil homme trouve paradoxalement du répondant chez le jeune homme. Le jeune homme devient le trait d'union entre cet homme et le reste du monde mais également entre la recherche du beau et son existence. Il est la réponse. Mais il n'est pas création mais existence pure et on voit dès lors la réponse qui est apportée à cette quête de la beauté.
Le jeune homme entretient des regards, un jeu avec cet homme et c'est précisement ce qui semble tuer le viel homme car au fur et à mesure les deux êtres s'éloignent l'un de l'autre et la tranquilité du jeune homme qui au début du film trouvait un écho dans l'immobilisme maladif du viel homme diminue. Le jeune homme devient vivant, il joue, il crie, il saute, il court. Au contraire le professeur n'évolue pas, il sombre et se trouve réduit pour vivre à vivre au travers de ce jeune homme. Il le suit, le poursuit.


Le film s'achève sur l'image du jeune homme qui s'en va vers la mer tandis que le viel homme assis sur la plage se meurt. La vie qu'il a tenté de rejoindre s'éloigne et le quitte. Son maquillage qui lui permettait de cacher sa laideur mais aussi son être coule comme un masque qui tombe, celui d'une vie fausse et absente. Il avait pendant tout le film tenté de résoudre un mystère : celui d'une épidémie à Venise, il aura été seul à s'en préoccuper, seul à la connaître. La mort était là pour lui et pour personne d'autre. La mer de Venise n'était pas contaminée pour celui qui est vivant, le jeune homme qui se baigne rejoint la vie et quitte le vieil homme...

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