Mademoiselle, que faites-vous d'un regard?

Il y en aurait de partout.
Un qui reviendrait après tant d'années. Un qui resterait. Des inconnus qui arriveraient. Et tous avec la même motivation, le même désir inavoué ou plutôt murmuré, du coin des lèvres, à peine prononcé.

Ils seraient tous là à mes côtés. Ils seraient tous là pour m'entourer. Assouvir mes désirs, anticiper mes soupirs.

Un jeterait son dévolu, l'autre avancerait à pas perdus, encore un autre adopterait un comportement ambigü et moi au milieu je ne saurais plus.

Plus, vers quel saint me tourner, plus que faire, qu'espérer. Aurais-je tout ce qu'une femme peut désirer? Aurais-je encore plus? Que ferais-je quand le flot se tarira? Quand tous les feux s'éteindront sous le poids de l'âge, des traits mal absorbés par une peau trop rugueuse?

Elles se tiendraient là à me lancer des regards. Ceux de la jalousie, ceux de l'envie, ceux du défi. Moi impassible, je traversai, j'irai au-delà de ces yeux rivés sur moi. Digne et fière, nonchalante et angoissée j'irai encore et encore jusqu'à ce que l'on m'arrête, jusqu'à ce que l'on me blesse.

Pleine de volonté, la poitrine gonflée, la fierté mal cachée, des formes mal dissimulées, des complexes évanouis, des espérances accomplies, je dominerai un petit monde, tout petit mais si grand, dans lequel je serai, tu seras selon moi, le nous sera je, et moi avant toi.




Malena, film de Giuseppe Tornatore con Monica Belluci