Monday, February 12, 2007



Les pavés reluisent de l'eau claire qui y a trouvé son repos. Moi je suis assise dans un fond brumeux et je m'observe. Un bar est encore ouvert. Il se fait tard. Me parviennent encore quelques cliquettis de zinc. Des hommes maladroits, que sais-je, des verres ébréchés, des chemises ensuées laissant deviner quelques corps émaciés. La pluie clapote sur mes souliers vernis. Le rubis des escarpins mouillés scintille. Je ruisselle. Le rimel aura sans doute coulé. Barbouilées de noir, mes joues pales me donneront un air de pute élimée. Qu'importe, je suis bien. La rigole est presque pleine prête à déborder, l'eau à jaillir. Le lampadaire reflète l'enseigne, le tangoclub, il est déjà trois heures. La plupart des volets sont fermés. Certains laissent entrevoir une lumière tamisée, celle des somnolents. Un homme sort. Chancelant, il titube. Ses cheveux sont noirs ébène. Son regard lancé au hasard parcourt l'ensemble de la rue. Nous sommes à Paris, une fin de quatorze juillet. Le feu d'artifice aura laissé quelques traces, comblé les immanquables vides de nos fades existences. L'eau se glisse dans mon cou, elle s'aventure sur mes seins. Elle est froide. Mon corset de satin est imbibé. Ma poitrine se dresse. La goutte s'effondre, elle est absorbée. Je m'apaise.

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