Tuesday, July 10, 2007

Sur la propre contemplation de l'homme moderne

"Le moi ne se connaît à titre d'objet que pour la conscience réflexive"

Jean-Paul Sartre, L'être et le néant, "L'existence d'autrui".

Christian Lasch a pû mettre en avant dans de nombreux ouvrages le concept du narcissisme. Reprenant le mythe de Narcisse qui se laisse dépérir à force de contempler son reflet dans le fleuve. Cette idée de la contemplation de l'homme par lui-même est cependant trop souvent réduite à l'idée de vanité et renvoie à l'image de l'homme devant son miroir admirant sa beauté et séduit par ses charmes. Elle renvoie donc uniquement à l'image d'un temps d'arrêt dans la vie de l'homme pour destiner ce temps à sa propre contemplation.



Or, la contemplation de l'homme par lui-même peut dans certains cas aller plus en avant, être plus profonde et ancrée et surtout faire preuve d'une constance ignorée. L'homme ne vit alors plus de manière spontanée et insouciante, il vit et se regarde vivre. Il se contemple en train de vivre. Il devient son propre spectacle, acteur et spectateur à la fois. La concentration de son esprit se focalise alors sur lui-même et l'on dépasse l'égoïsme ou l'égocentrisme pour aboutir à une anihilation d'autrui comme n'entrant en scène qu'en tant que personnes secondaires. Tous ces acteurs de second rang sont interchangeables. Le spectacle ne meurt que si s'éteint l'acteur principal, la star du show.

En retour, l'homme auto-contemplatif perd en capacité et en efficacité car une partie de son esprit est sans cesse occupée par une réflexion sur soi, sur le futuf le plus proche, sur les choix immédiats : faire un acte ou ne pas le faire de quelque importance qu'il soit et l'observation corrélative de l'action qui en découle. L'auto-contemplation se divise donc pour laisser place à une réflexion continue sur l'immédiat comportemental (aspect actif) et l'observation qui découle du comportement accompli lui-même (aspect passif).

L'être auto-contemplatif ne connaît pas la solitude. Il pallie à l'absence de spectateur. Certes, la salle se vide et donc la frénésie diminue. Cependant, très rapidement l'auto-contemplatif se suffit à lui-même. Autrui n'existe alors plus de manière vitale. Et l'existence ne passe plus par le regard d'autrui. Pour prendre conscience de son être, l'homme auto-contemplatif n'a plus besoin du regard d'autrui, il s'auto-regarde.

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