Sunday, May 06, 2007

Mulholland Drive

La sensualité féminine porte aux confins de l'illusion. Chaque fantasme, chaque désir transforme notre existence en un mirage un peu plus grotesque. Et ce, jusqu'à la fin, au silence.

Dans ce film, David Lynch reprend la thématique blonde-brune et les fantasmes-clichés (rapports sexuels lesbiens, masturbation de la femme) de tous les hommes, parfois même en les inversant. Tout est un jeu de miroir et d'influences réciproques. la blonde et la brune. Blonde, couleur de l'innocence, de la candeur, de la pureté tout d'abord. Candeur et innocence de la jeune fille, comme il y en a tant qui débarque àHollywood la tête pleine de rêves et d'espérances et le sourire aux lèvres. ou encore même moral. Le mélange avec l'autre fait de la brune, une blonde. Elle en acquiert tout d'abord la couleur symboliquement mais également la douceur, l'innocence. la blonde, quant à elle, se transforme en blonde déchantée. Elle devient la blonde junkie. Elle devient du fait de son contact avec Hollywood personnifié par la brune une de ces nombreuses blondes quiInnocence qu'elle perdra définitivement dans la liaison sexuelle, le mélange avec l'autre. Elle perdra alors sa virginité, semble-t-il, si ce n'est proprement physique du moins dans le rapport lesbien, de femme à femme peuplent la ville et qui se perdent dans des Chunkie de quartier, Betty devient Diane et Diane commettra le pire, le meurtre de Camilla. Elle devient celle qui fume, qui ne se lève pas, qui jalouse, qui prépare un mauvais plan...

Mais ce mélange permet à Lynch d'exploiter non seulement le thème, somme toute superficiel
de la femme et du sexe, mais également celle du don de soi et il montre l'influence du rapport à l'autre sur son existence. Le don n'est jamais anodin et toute personne recèle une importance. du couple de vieux qui semble inintéressant et qui permet à Lynch de montrer la part préondérante qu'un évènement de la vie quelconque peut avoir sur le psychisme. Et Lynch aborde ainsi le thème de la maladie mentale alternant là aussi entre schizophrénie et paranoïa. Mais aussi, le rêve, le transfert : Diane, rêve d'être Betty, la blonde qui réussit et fait passer Camilla, la brune au second plan, en lui otant sa mémoire, sa personnalité. Tous les indices du rêve sont là et même d'un rêve fortement troublé : d'une clé bleue dont cherche quoi ouvrir comme une solution que l'on en parviendrait pas à atteindre; à une vie telle un gouffre dans lequel on s'enfoncerait comme dans une boîte bleue sans fond.

Cette thématique est d'autant plus forte que Lynch aborde au travers de différents indices une réflexion assez profonde sur l'illusion. Au travers de sons, en premier lieu, puisque lors d'un spectacle nocturne qui n'est lui-même que le produit de l'angoisse et du rêve on se rend compte que tout n'est qu'un leurre et qu'il nous berce de fantasme et fanstasme. Le son n'est pas forcément lié à l'image et le décalage nous permet de prendre conscience de l'illusion. Illusion, qui, dans le quotidien semble difficile à cerner mais qui se révèle davantage palpable grâce au cinéma : "Il ny a pas d'orchestre. Tout n'est qu'une illusion". Orchestre, doit ici être pris au sens de règles, de destin déjà tout tracé.

Ceci guide Lynch vers une réflexion sur le cinéma. Par une série d'indices, il procède à une mise en abîme. Tout d'abord en faisant de chacun des personnages tour à tour un acteur ou réalisateur... Tout le monde semble lié au monde du cinéma, comme à dire que se mélange réalité et part de mystère pour chacun d'entre nous. Le lieu du film, ensuite, et la place accordée à Sunset Boulevard, à l'écriteau Hollywood ...
Enfin, la mise en abîme prend avec Lynch des formes nouvelles puisqu'il replace le cinéma à son rang de spectacle contraire à la réalité. Il réussit cependant tout en expliquant au spectateur que tout n'est que cinéma et en mettant en relief le pouvoir de séduction des images à faire conserver à celles-ci leur impact séducteur. il rend ainsi un hommage au cinéma en montrant que sa transparence, la levée du voile, ne suffit pas à elle seule à lui ôter sa magie. Il réclame toutefois le silence pour finir, comme à dire que toute illusion et en premier lieu celle de la vie avec sa charge d'angoisses et de faux semblants comme de souffrances et de réalités doit cesser. Le parallèle est alors à son comble, toujours sous l'angle de l'illusion, entre la vie et le cinéma.

Enfin, sa réflexion sur la vie trouve son achèvement avec la question du déterminisme abordée grâce au personnage du cow-boy, qui tel une conscience, pose la question. Celle de savoir si l'on croit à notre rôle dans notre propre vie. C'est Lynch lui-même, au travers du personnage du cow-boy, qui interroge le spectateur représenté par la figure passive du réalisateur (comme le spectateur, il se laisse guider par le monde du cinéma et les évènements décidés par ce monde s'imposent à lui). et Lynch de dire : vous répondez oui mais vous n'êtes pas convaincu et de s'entreprendre à nous convaincre en mettant en scène une histoire qui a plusieurs débuts et plusieurs fins possibles , comme à dire que blonde ou brune on peut être douce ou rebelle, se sentir bien ou mal, s'éviter des ennuis ou non. Que notre vie, telle une histoire, dépend en grande partie de nous-même et de l'angle de prise.



Et se faisant, il fait du cinéma un instrument de démonstration permettant d'exposer une conception philosophique et d'en apporter à l'appui arguments et exemples. Plus qu'un 7ème art, le cinéma avec Lynch est art et science et réciproquement.

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